Avis relatif aux prévisions macroéconomiques associées au projet de programme de stabilité pour les années 2015 à 2018

Le Haut Conseil des finances publiques a adopté, le 13 avril 2015, un avis relatif aux prévisions macroéconomiques associées au projet de programme de stabilité pour les années 2015 à 2018.

Synthèse de l'avis

Depuis quelques mois, la France et la zone euro bénéficient d’une conjonction de facteurs qui devraient soutenir la croissance à court et à moyen terme, au premier rang desquels la forte baisse du prix du baril de pétrole et la dépréciation de l’euro. Le « policy mix » est également plus favorable, avec un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la BCE et un ajustement budgétaire dont le rythme moyen a fortement ralenti dans plusieurs pays européens.

Si les ingrédients d’une reprise sont là, entraînant notamment un redressement de la consommation des ménages, ils ne se sont pas encore traduits par une hausse sensible de la production. Au-delà du rebond en cours, l’enclenchement d’une reprise durable dépendra du comportement des agents économiques et supposera un redémarrage de l’investissement, qui n’est pas encore perceptible. Les incertitudes sont nombreuses sur l’ampleur et la pérennité de la reprise économique, dans un contexte où les risques financiers se sont accrus. Ce contexte plaide pour que le scénario de finances publiques soit fondé sur des hypothèses prudentes.

Le Haut Conseil estime que la prévision de croissance du Gouvernement de 1 % en 2015, inchangée par rapport au projet de loi de finances pour 2015, est désormais prudente, dans le contexte plus favorable créé par les fortes baisses du cours du pétrole et de l’euro. Les prévisions d’inflation et de masse salariale ont été à juste titre revues substantiellement à la baisse.

Le Haut Conseil considère que, nonobstant les risques financiers, les prévisions de croissance pour les années 2016 à 2018 sont prudentes. Elles visent à assurer la crédibilité de la trajectoire nominale de finances publiques.
Toutefois, le Haut Conseil s’interroge sur la pertinence d’un écart de production (écart entre la production effective et la production potentielle) très creusé pendant près d’une décennie et qui ne se réduirait pratiquement pas à l’horizon 2018, ce qui ne s’accorde pas avec l’accélération de l’investissement, de l’inflation et des salaires retenue par ailleurs dans le scénario du Gouvernement. Il estime qu’une hypothèse de croissance potentielle moins élevée aurait permis un début de résorption de l’écart de production. Pour la même trajectoire de déficit nominal, elle aurait conduit à un ajustement structurel moins important.

Le Haut Conseil regrette enfin que la croissance potentielle, dont l’estimation est entourée de fortes incertitudes, ait été revue quelques mois seulement après l’adoption de la loi de programmation de décembre 2014. Cette révision rend peu lisible le partage entre les composantes conjoncturelle et structurelle du solde public et plus difficile l’analyse de la politique budgétaire.