Avis relatif aux prévisions macroéconomiques associées au projet de programme de stabilité pour les années 2016 à 2019

Le Haut Conseil des finances publiques a adopté, le 12 avril 2016, un avis relatif aux prévisions macroéconomiques associées au projet de programme de stabilité pour les années 2016 à 2019.

Synthèse de l'avis

Après deux années de stagnation en 2013 et 2014, la zone euro connaît depuis un an une reprise modérée (à un rythme annuel légèrement supérieur à 1,5 %).

Ce regain de croissance s’explique par trois évolutions concomitantes : la baisse du prix du pétrole, la dépréciation de l’euro et la réduction des ajustements budgétaires. La politique monétaire est, en outre, de plus en plus expansive, et les taux d’intérêt sont, en conséquence, exceptionnellement bas. Enfin les tensions sur les marchés et sur les conditions de crédit qui pénalisaient les pays périphériques de la zone euro se sont nettement apaisées.

La reprise européenne pourrait toutefois ne pas résister à une nouvelle aggravation de la conjoncture extra-européenne (fléchissement de la croissance chinoise, difficultés des pays producteurs de pétrole, risques pesant sur la capacité de l’économie américaine à maintenir son rythme de croissance à moyen terme) ou à l’apparition de certains freins en Europe même (restauration des contrôles aux frontières ; éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ; risques géopolitiques et menaces terroristes).

Les prévisions de croissance présentées par le Gouvernement sont inchangées par rapport au projet de loi de finances pour 2016 en ce qui concerne l’année 2016 (1,5 %) et par rapport à celles du programme de stabilité d’avril 2015 en ce qui concerne les années 2017-2018 (respectivement à 1,5 % et 1 ¾ %). Pour 2019, la croissance prévue est de 1,9 %.

S’agissant de 2016, le Haut Conseil considère que la prévision de croissance du Gouvernement, tout en se situant en haut de la fourchette des prévisions économiques, est encore atteignable. Il estime un peu élevée la prévision du Gouvernement d’une augmentation de la masse salariale de 2,3 % en 2016. La révision à la baisse de la prévision d’inflation opérée par le Gouvernement lui paraît justifiée et la hausse des prix à la consommation en moyenne annuelle devrait être à peu près nulle en 2016. 

S’agissant de 2017 à 2019, le Haut Conseil estime que le scénario de croissance du PIB est plausible, même si l’hypothèse d’accélération de l’activité en fin de période est fragile. Il souligne aussi l’importance des risques affectant ce scénario, qu’ils concernent la croissance mondiale ou qu’ils portent plus spécifiquement sur la zone euro. 

Toutefois, la croissance potentielle présentée par le Gouvernement lui paraît surévaluée, en particulier en 2016-2017, et le maintien d’un écart de production important tout au long de la période peu vraisemblable.

Le Haut Conseil considère que cet écart de production important, supérieur à la plupart des estimations existantes, tend à majorer la composante conjoncturelle du déficit, et donc à sous-estimer le déficit structurel. Il souligne que cette sous-estimation amplifie en apparence l’effort structurel déjà réalisé et minimise l’effort à engager pour atteindre l’équilibre des finances publiques à moyen terme.